Quand acheter des actions après un krach ?
En période de krach ou de forte correction, il n'est pas rare de voir le marché rebondir de 5 ou même 10%. Les bulls (haussier) crient à la fin du krach, tandis que les bears (baissiers) voient le chat mort rebondir (dead cat bounce). Pendant ces moments de stress intense, l'investisseur peut prendre de mauvaises décisions, souvent dictées par ses émotions.
Dans cet article, nous allons tenter de voir comment négocier au mieux cette période. Je vais donc vous proposer quelques indicateurs très simples et très rapides à suivre. Mais avant cela, je vais casser quelques idées reçues sur ce qu'il ne faut surtout pas faire.
L'économie, tu ne suivras pas !
En période de stress sur les marchés, le premier réflexe est de se demander comment va l'économie ? La reprise est-elle là ? Le chômage est-il en train de baisser ? Et bien, c'est une très très mauvaise idée !
La théorie
Oui, je suis d'accord, c'est totalement contre-intuitif, puisque les valorisations sont censées représenter les profits des entreprises. Si l'économie est mauvaise, alors les résultats seront mauvais, CQFT.
Mais en réalité, les marchés boursiers anticipent l'état de l'économie. Une étude menée par Banque des Règlements Internationaux (la Banque Centrale des Banques Centrales) montre que les marchés bousiers baissent quelques trimestres avant que l'économie se dégrade.
Regardez le point 0, l'économie est toujours stable alors que le prix des actions a déjà baissé. Puis le prix des actions va rebondir quelques semaines avant le reste de l'économie.
La mise en pratique
Je suis d'accord, les études universitaires sont barbantes à lire, alors regardez plutôt ce qu'il s'est passé pendant la dernière récession. Avec la crise des subprimes et la quasi-faillite du système bancaire, l'économie s'est effondrée (baisse du PIB, chômage de masse, explosion des déficits, etc.).
La courbe est noire représente le S&P 500 et la courbe en bleue, le taux de chômage aux États-Unis. Les actions atteignent leur point bas fin mars 2009 (droite rouge), tandis que le taux de chômage va atteindre son pic en octobre 2009 (droite verte).
Entre ces deux évènements, il s'est passé 7 mois et le S&P 500 a gagné plus de 50% en ligne droite. Les investisseurs qui suivent l'économie sont restés sur le quai et ils ont vu au moins 10 métros leur passer devant...
Dans un article sur l'indice PMI, j'avais également démontré qu'il était totalement inutile. L'investisseur doit faire le tri entre les nombreux faux signaux et en plus, ces signaux sont extrêmement tardifs.
Je vais peut être vous choquer, mais baser ses stratégies d'investissement sur des données macro-économiques, reviendrait à jouer à la roulette russe avec 6 balles dans le barillet.
Pour gagner en bourse, il est inutile d'avoir un master ou un doctorat en économie. D'ailleurs, les Prix Nobel d'économie sont généralement de très mauvais investisseurs... Le hedge funds LTCM (Long Term Capital Management), créé par Myron Scholes et Robert Merton, a dû être sauvé en catastrophe en 1998 !
Inutile de vous désabonner à La Tribune ou à Les Echos. Dans ces journaux, il y a quand même des informations intéressantes à ressortir au bureau ou pendant des diners mondains.. Mais pour investir en période post-krach boursier, si vous n'avez pas de boule de cristal, voici mes deux indicateurs favoris.
La peur, tu sentiras !
Avant toute chose, il faut comprendre comment fonctionne un krach boursier et notamment au travers de la psychologie des foules. Tout d'abord, nous avons un phénomène de distribution.
La psychologie des gros investisseurs
Les gros investisseurs, sentant le vent tourner, vendent leurs titres les moins liquides/plus risqués aux petits actionnaires avides. Ce phénomène est notamment lisible au travers de la ligne des avancées/déclins.
Puis lors de la baisse, les gros vont accentuer leurs ventes mais aussi acheter des protections (notamment via des options Puts). À ce moment, le Vix va naturellement grimper, tandis que les petits porteurs achètent pensant faire de bonnes affaires...
Mais la pression baissière continue, les stop-loss volent en éclat et ne pouvant plus vendre leurs titres, les gros actionnaires achètent de plus en plus de protection. Le Vix atteint des sommets et à ce moment, les petits actionnaires se mettent à paniquer et vendent massivement leurs portefeuilles.
Les cours continuent de baisser, mais au lieu d'acheter de nouvelles protections, les gros investisseurs pensent que le marché offre des opportunités. Et ces gros investisseurs vont acheter, à bon compte, les actions des petits porteurs.
Illustration de la crise en 2008
Ce texte peut paraitre très théorique et décrire une situation idéale. Alors analysons la crise des subprimes (encore elle). Sur ce graphique, j'ai superposé le cours du Vix et du S&P 500.
Pendant la phase de baisse, on peut aisément constater que chaque nouveau plus bas du S&P 500 est confirmé par un nouveau plus haut du Vix. Les gros investisseurs protègent leurs positions en achetant des puts sur le S&P 500.
Au mois de mars 2009, le S&P500 fait un nouveau plus bas. Mais le Vix refuse de faire un nouveau plus haut. À ce moment, les gros investisseurs n'achètent plus de protection mais ils achètent le marché. Cette divergence du Vix marquera le point bas du S&P 500.
Ce signal n'a rien de magique, il se base simplement sur la psychologie des grands investisseurs, qui doivent gérer plusieurs dizaines des milliards de dollars. Cependant, ce signal du Vix ne se déclenche pas systématiquement pendant une correction ou un krach.
De plus, acheter quand tout le monde vend est stressant à vivre. Vous allez à contre courant de ce qui se dit dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Voici un autre indicateur, un peu moins agressif, qui vient compléter la divergence du Vix.
Le marché, tu écouteras !
Les marchés ont repris leur hausse, mais est-ce seulement quelques titres qui tirent les indices ? Ou la majorité des actions profitent de la hausse ? Pour le savoir, il faut s'intéresser à ce que nous dit le marché, et notamment aux indicateurs de participation.
D'ailleurs, je suis scrupuleusement ces indicateurs dans mon analyse hebdomadaire de la bourse de New York. Pour déterminer une zone "safe" d'achat après un krach, je regarde notamment le nombre d'actions cotant au-dessus de leur moyenne mobile à 50 jours.
La zone qui m'intéresse est la zone des 85% (à faire varier selon votre appétence aux risques). Après une grosse correction ou même un krach boursier, lorsque la part d'action évoluant au-dessus de leur moyenne mobile à 50 jours passe au-dessus de 85%, c'est un signal extrêmement haussier.
La correction des marchés va se jouer en deux actes.
- Été 2015 : première vague de baisse, signalée par un affaiblissement des indicateurs de participation
- Hiver 2016 : seconde vague de baisse, qui se terminera d'ailleurs par une divergence du Vix.
Entre ces deux périodes, il aurait pu être tentant de prendre une grosse position à l'achat (swing trading avec du levier). Mais à aucun moment, le nombre d'actions cotant au dessus de leur MM à 50 jours n'est passé au dessus des 50%.
Le passage de ce seuil symbolique, en mars 2016, se traduira par un incroyable rallye haussier de presque 2 ans. Et cela, malgré le Brexit, voté le 23 juin de cette même année.
À vous de jouer maintenant
Dans cet article, je donne assez peu d'exemples mais, c'est totalement assumé. L'objectif du blog est de vous donner des pistes des réflexions, sans pour autant vous mâcher le travail (sinon, je vendrais un espace abonnement à 47€ par mois). Ces deux stratégies offrent de très bons taux de réussites !
N'hésitez pas à tester ces deux stratégies/indicateurs, et SURTOUT à les adapter à votre manière d'aborder le marché. Personnellement, j'utilise les divergences sur le Vix pour gérer mes positions sur actions/ETF. Quant à la moyenne mobile à 50 jours, je la regarde dans le cadre d'une stratégie plus agressive.
Abonnez-vous à la newsletter du blog, vous serrez averti en cas de dégradation (ou d'amélioration) de ces indicateurs. C'est gratuit et garanti sans spam.