FDJ : faut-il acheter des actions ?
Après des années de tergiversation sur la privatisation de la Française des Jeux, l'État vient enfin de lancer l'introduction en bourse. La période de souscription débute ce jeudi 7 novembre et court jusqu'au 21 novembre.
Dans cet article, je vais vous détailler -de manière factuelle- mon point de vu sur cette introduction en bourse. A quel prix va t-elle être réalisée, quelles sont les perspectives de croissance, et surtout faut-il acheter des actions FDJ ?
Pourquoi introduire la FDJ en bourse ?
D'une manière générale, les introductions en bourse sont motivées par deux facteurs :
- lever de nouveaux capitaux : renforcer sa structure financière (réduire son endettement) et/ou investir ;
- organiser la sortie d'un ancien actionnaire.
Dans le cas de la FDJ, l'État français souhaite réduire sa participation de 72 à 20% du capital. L'objectif du gouvernement est ainsi de lever environ 1,75 milliards d'euros pour participer au désendettement de la France...
L'État sera toujours très présent !
Mais l'Etat ne lâche pas sa poule aux oeufs d'or comme ça...
Tout d'abord, 95% des activités de la FDJ sont monopolistiques (loterie et paris sportifs en point de vente). Pour conserver cet avantage pendant les 25 prochaines années, la FDJ va devoir débourser 380 millions d'euros payables au 30 juin 2020.
A l'issue de ces 25 années, la FDJ devra a nouveau se porter candidat et payer pour conserver ses droits exclusifs.
Ensuite Bercy continuera de percevoir de juteuses taxes sur les jeux de hasard. Environ 3,3 milliards d'euros en 2018 !!
Quelle valorisation et quel rendement ?
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a annoncé que les actions de la FDJ pourraient être achetées entre 16,5 et 19,9€ en fonction de la demande. La société serait ainsi valorisée entre 3,1 et 3,8 milliards d'euros.
En tenant compte du résultat net 2018 (170 millions d'euros), la société se paie sur un PE Ratio de 18 à 22 fois les bénéfices.
Par ailleurs, la FDJ souhaite distribuer 80% de son résultat sous forme de dividende. Selon la fourchette d'introduction, le rendement se situerait entre 3,2 et 3,8% avant impôts.
Au regard de ces quelques ratios financiers, la valorisation de la FDJ semble très élevée. La société se paye aussi chère que des sociétés technologiques comme Apple ou Dassault Aviation.
Quelles perspectives pour la FDJ ?
Pour inciter les épargnants à investir, la FDJ a détaillé sa stratégie pour la période 2020-2025.
L'application de cette stratégie devrait permettre à la FDJ de voir croitre son chiffre d'affaires de 3 à 4% chaque année, soit un chiffre d'affaires cible d'environ 2,2 milliards en 2025. L'EBITDA devrait représenter 20%, soit 440 millions d'euros.
Pas de prévision chiffrée sur la rentabilité de l'entreprise, ni sur le montant du dividende. La Française des Jeux souhaite simplement distribuer jusqu'à 80% de son bénéfice net.
J'ai toujours du mal à comprendre comment une entreprise qui verse 80% de ses bénéfices (ou de son flux de trésorerie libre) peut continuer à investir ?
En regardant le bilan de la société, on s'aperçoit que l'entreprise n'a presque pas de dette financière. Elle pourrait alors activer cet effet de levier pour financer ses investissements.
Cependant je trouve qu'il y a une forte décorrélation entre la valorisation de l'entreprise et ses perspectives de croissance.
Comment motiver les français ?
En réservant un tiers des actions aux épargnants français, le gouvernement espère faire de cette introduction en bourse, un moment populaire.
Mais les français boudent la bourse... il n'y a plus que 3 millions d'actionnaires individuels, contre 7 millions au plus fort de la bulle internet.
Le gouvernement a donc sorti ses plus belles carottes pour faire avancer les ânes. Si vous conservez vos actions FDJ pendant plus de 18 mois, l'entreprise vous récompensera en vous attribuant 1 action gratuite pour 10 actions détenues.
Alors, all-in sur la FDJ ?
Dans le cadre d'une stratégie axée sur les dividendes, il peut faire sens d'acheter des actions FDJ, notamment pour diversifier ses sources de revenus.
Mais compte tenu de l'omniprésence de l'État, des perspectives de croissance et des ratios de valorisation, je vais m'abstenir d'investir le moindre euro dans cette IPO.
Et vous, allez-vous investir dans la Française des Jeux ?