Devenir libre financièrement : quelques réflexions personnelles
Devenir libre financièrement, ne plus dépendre d'un salaire à la fin du mois, est un fantasme que beaucoup d'internautes partagent.
Ne plus subir le traditionnel Métro-Boulot-Dodo, la pause-café avec votre collègue qui a mauvaise haleine et vous parle que de foot, l'obligation d'aller au after-work pour rester IN, etc.
Sur internet, on trouve beaucoup de conseils bateaux pour devenir libre financièrement. En vrac :
- augmentez vos revenus et diminuez vos dépenses,
- achetez des actions à gros dividendes,
- achetez des immeubles à rénover,
- investissez dans les crypto monnaies,
- trouvez un homme/femme déjà riche.
Ces stratégies ont fait leur preuve mais elles ne sont probablement pas compatibles avec votre emploi du temps. Vous avez certainement un job stressant qui vous occupe de 9h à 19h, puis il faut gérer les enfants (devoirs / douches), préparer le repas et la soirée est déjà finie.
Vous allumez TFI (ou Netflix) pour reposer votre cerveau et le préparer à un nouveau tour de manège... Dans cet article, je vais essayer de vous livrer quelques réflexions personnelles sur l'indépendance financière, et comment je mène ma barque.
Pourquoi devenir libre financièrement ?
Aujourd'hui j'ai 31 ans, diplômé d'un Master en Comptabilité et Audit, je travaille chez un grand nom du conseil et de l'audit. J'ai gravi les échelons les uns après les autres et touche un salaire confortable. Bref, tout ce qui pourrait rendre une mère fière de son fils (l'ascenseur social a marché pour moi).
Mais mon job ne m'apporte pas de grande satisfaction sociale ou intellectuelle (soyons honnête avec nous-même). Je ne découvre pas de vaccin pour le Covid, je ne sauve pas de chaton dans les arbres, etc. Bref, je suis à deux doigts du Bore-out.
La seule motivation qui me raccroche à mon emploi est le salaire. Salaire qui me permet de faire vivre ma famille, d'oublier mon quotidien 2 semaines par an et d'investir en bourse...
N'allez pas vous méprendre, j'ai une situation confortable, bien plus confortable que la majorité des français. En fin de mois, je regarde rarement le solde de mon compte bancaire. Je n'ai pas peur du chômage (je reçois 1 - 2 propositions d'emploi chaque semaine via Linkedin).
Mais ce confort à un prix : ma liberté, mon temps de vie qui s'épuise jour après jour. L'un des éléments qui m'a fait prendre conscience le temps est précieux, est la naissance de mon fils. Et je dois vous avouer qu'il s'agit du pire jour de ma vie... J'en tremble encore rien qu'en y pensant.
Le jour où tout a basculé
Un lundi de juillet 2019, journée normale. Je mets mon costume, noue ma cravate et quitte mon appartement, direction mon bureau à la Défense (22e étage).
Ma compagne (qui n'est pas encore en congé maternité) se sent faible et décide de consulter la maternité (venez madame, le bébé est sûrement mal placé, ce n'est rien).
Bref, la matinée se passe normalement et la maternité confirme que le bébé va bien. Bientôt l'heure de manger (je dois d'ailleurs déjeuner avec un ami fan de LQQ) et puis mon téléphone portable sonne.
Ma compagne m'appelle en pleure me disant qu'elle allait accoucher (par césarienne, sous anesthésie générale). Et qu'il fallait que je vienne le plus rapidement possible.
Je balance mes affaires dans mon sac à dos et cours comme un dératé (sur le parvis de la Défense) direction la station de métro. Mon cerveau est en mode off, je suis complètement perdu, j'ai envie de m'écrouler et de pleurer dans le métro.
Arrivé à l'hôpital, le gynécologue nous explique que ma compagne fait un HELLP Syndrome. Son corps est en train de lâcher, si on ne fait rien la maman et le bébé vont mourir. Le seul traitement possible est l'accouchement, et ça doit être fait MAINTENANT.
Après une attente interminable (impossible d'assister à l'accouchement), mon fils venait de naître, grand prématuré : 30 semaines d'aménorrhées, 1 400g. Une heure après sa naissance, le SAMU arrive pour le transférer dans un autre hôpital (type 3). Suivrons 10 jours en service de réanimation puis 1 mois d'hospitalisation en service de néonatalogie.
Pendant presque 1 mois et demi, je suis allé chaque soir à l'hôpital (après le travail), scrutant la saturation en oxygène et le rythme cardiaque. Effrayé à chaque alarme ou bip qui retentissait dans la chambre (notamment pendant les nombreuses bradycardies).
Aujourd'hui tout le monde se porte bien mais nous sommes passés à deux doigts de la catastrophe... Suite à cet événement, une petite voie a résonné en moi : Tu ne peux pas continuer à vivre ainsi. Il est faux de dire qu'on a la vie devant nous. La vie peut s'arrêter brusquement, il faut en profiter.
Mais pour cela, il faut que tu deviennes libre.
Qu'est ce que la liberté ?
La liberté est un concept abstrait et chacun aura sa propre définition. Peut être que pour vous, être libre signifie vivre et travailler au grand air. Alors que d'autres se sentiront libre parce qu'ils auront la surface financière pour s'acheter de belles voitures, voyager dans les plus beaux hôtels, etc.
Pour moi, la liberté n'est pas synonyme d'oisiveté. En fait, je trouve que le concept de liberté est assez bien résumé par cette définition du Larousse
Possibilité d'agir selon ses propres choix, sans avoir à en référer à une autorité quelconque
Définition de liberté, Larousse
Agir selon ses propres choix
Travailler quand bon me semble. Ne plus être contraint de bosser de 9h à 19h du lundi au vendredi, et d'avoir 5 semaines de congés payées.
- Avoir le choix de travailler le lundi de Pâques ou le dimanche soir, si j'en ai l'envie ;
- Avoir le choix d'aller chercher mon fils à l'école plutôt que de déléguer ce moment de vie (impossible à revivre) à une nourrice ;
- Avoir le choix de vivre en province (ou à l'étranger) plutôt que d'être contraint de vivre à Paris ;
- Avoir le choix de choisir mes dates de congés, sans devoir remplir un fichier Excel débile où les anciens du service ont déjà pris tous les ponts...
Sans avoir à en référer à une autorité quelconque
Mais surtout, il faut casser ce lien de subordination. Ce chef qui vous dit quoi faire, quand le faire et comment le faire. Ce chef qui décidera en son âme et conscience de votre augmentation. Résumé de mon évaluation 2019/2020 :
Écoute Alexandre, tu as fait une superbe année mais avec le Covid, ça sera 0€ de bonus et 0€ d'augmentation, tu comprends ?!
Mon patron
Je pourrais aller voir ailleurs pour gagner plus, mais l'envie de grimper dans la hiérarchie sociale n'est plus là. Rien à faire des dernières sneakers Balenciaga, de la nouvelle Audi RS3 ou d'une semaine de ski à Courch...
En fait, je me sens un peu comme les esclaves (toute proportion gardée) dans le film Astérix, les domaines des dieux (Alexandre Astier).
Il faut que je reprenne ma liberté mais elle a un coût ! Je ne suis pas près à sacrifier le confort et l'avenir de mon fils pour vivre d'amour et d'eau fraîche (et d'aides sociales).
Quel capital pour devenir libre ?
La définition du capital nécessaire est encore une fois très personnelle. Vivre avec l'équivalent d'un SMIC (1500€ brut) vous suffit ? Deux, trois SMIC ? Ce chiffre va dépendre de votre train de vie, d'ou vous habitez, de ce que vous consommez, etc.
Admettons vous voulez générer 3000€ de revenu brut (2100€ net après flat tax, et sans protection sociale). Avec un rendement de 4% par an, il vous faudra un capital de 900.000€ ! Avec un tel patrimoine, vous êtes classés dans les 5% les plus riches de France...
Économiser 900.000€ en partant de rien, et malgré la magie (ou la fable) des intérêts composés, il vous faudra des années. Si vous économisez 10.000€ par an, placés à 4%, il vous faudra épargner et investir 40 ans avant d'atteindre les 900.000€...
C'est clairement démotivant. Les intérêts composés généreront des revenus significatifs pour payer votre EHPAD, pas avant !
Si vous avez quelques notions en math, vous savez qu'on peut jouer sur d'autres paramètres pour accélérer l'effet boule de neige:
- augmenter son épargne, mais 10k€ / an (830€ / mois) d'épargne est une somme déjà très importante. Travailler plus pour épargner encore plus n'est pas ma philosophie.
- augmenter le rendement de ses placements, et par conséquent la prise de risque.
La bourse est un levier d'accélération, sur le long terme et en moyenne, le S&P 500 a gagné 8% par an. Avec un tel rendement, on peut espérer toucher notre objectif de 2 SMIC en 20 ans d'épargne (et un capital de 500.000€) ! Mais il faut savoir gérer la volatilité de la bourse, les années à +30% et les années à -10% !
Personnellement, j'estime qu'il me faudrait un capital d'1 million d'euros pour générer un revenu passif (stable et sécurisé), tout en conservant un niveau de vie.
Compte tenu de mes revenus actuels, mon taux d'épargne et selon mes prévisions les plus optimistes, je pourrais atteindre cette somme d'ici une douzaine d'années... Encore 12 ans à courir après le métro, à faire le même job qui n'a pas/plus de sens pour moi, passer plus de temps avec mes collègues qu'avec ma famille, etc.
Rien que d'y penser, ça me met le cafard (même si j'adore mes collègues), il est donc temps de mettre en place un plan d'exfiltration.
Les petits ruisseaux font de grande rivière
Pour construire mon indépendance financière, il me faut donc plusieurs piliers. Chaque pilier devenant un petit ruisseau qui apportera son eau (ses euros) à la rivière qui grossira de plus en plus (j'adore cette métaphore).
Dans le domaine de l'investissement, les blogueurs citent régulièrement 3 piliers :
- l'immobilier,
- la bourse,
- l'entrepreneuriat (devenir son propre patron)
Pilier immobilier
L'immobilier est un domaine qui ne m'intéresse pas du tout. Farfouiller dans les petites annonces pour trouver la perle rare m'ennuie, visiter des appartements en file indienne (oui oui, 1 acheteur tous les 15 mn) m'horripile. Faire le tour des banques pour quémander un crédit me rebute. Je n'ai aucune envie de négocier des travaux avec des artisans (et de suivre leur travaux) et surtout, je ne veux pas entendre parler de gestion locative (impayé, problème de chasse d'eau, etc.).
Tous ces points pourraient être sous-traités mais j'y perdrais forcément quelques % de rendement. De plus en région parisienne, les rendements sont inférieurs à 3%...
Pilier 1 : la bourse
La bourse est mon premier pilier, mon moteur principal. Aujourd'hui, je structure mon portefeuille boursier en deux parties.
Tout d'abord, il y a le PEA (niche fiscale française par excellence pour le classe moyenne). Sur ce PEA, j'achète majoritairement des ETF sur les indices US (Nasdaq 100 et S&P 500), ainsi que quelques actions qui offrent un beau potentiel de hausse.
Cette poche est relativement passive et me permet de capitaliser, faire grossir la boule de neige. À ce jour, j'estime qu'il me faudra encore 10 à 15 ans d'épargne pour atteindre l'objectif que je me suis fixé (1 million €).
Ensuite, il y a le compte-titres dédié au trading d'options. Ce portefeuille monte tout doucement en puissante et via la vente d'options, il devrait me permettre de dégager un revenu récurrent d'environ 1500$ par mois d'ici 1 an.
Cette poche est plutôt active mais ne nécessite pas de suivi quotidien des positions. Cependant cette activité est risquée et en cas de black swan comme le corona krach, le compte pourrait rapporter 0$ pendant 3 à 6 mois.
Compte tenu du risque et de l'incertitude, cette source de revenue doit être considérée comme du bonus. Une sorte de rémunération variable qui servira à payer le loisir et autres dépenses somptuaires.
Pilier 2 : devenir mon propre patron
Pour générer un revenu récurrent et décorrélé des marchés financiers, il me reste de pilier de l'entrepreneuriat. Aujourd'hui je vois deux issues possibles à ce pilier d'indépendance financière.
Devenir consultant freelance
Aujourd'hui, je bosse comme consultant pour un cabinet. Donc le cabinet vend mes interventions selon un taux journalier moyen (TJM), autour de 1100€ la journée. Puis chaque fin de mois, le cabinet me verse un salaire. Mon salaire est très très loin des 1100€ / jour...
La solution pourrait être de supprimer l'intermédiaire cabinet. Et ainsi de devenir consultant freelance. Mes prestations seraient vendues autour de 750€ / jour (oui sans nom prestigieux, le TJM baisse très vite).
Le chiffre d'affaires serait de 12-15.000€ par mois, me payer un salaire décent et capitaliser 4-5.000€ dans la société (n'oubliez pas qu'URSSAF et DGFIP se rémunèrent grassement en priorité).
Devenir consultant freelance me permettrait de me rapprocher de mon objectif d'1 million d'euro beaucoup plus rapidement. 7-8 ans au lieu de 12, comme évoqué précédemment.
Cependant, je resterais coincé dans ce même job, cette routine qui m'ennuie et que je déteste un peu plus chaque jour.
Devenir infopreneur
Parmi les autres scénarios que j'étudie, il y a la possibilité de devenir infopreneur. Gagner de l'argent en vendant de l'information, identifier un besoin et vendre des solutions basées sur mes connaissances et expériences à travers un blog.
D'ailleurs, j'ai pris goût à l'écriture avec ce blog sur la bourse. Répondre aux commentaires et aux mails (quand ma messagerie ne plante pas), orienter et guider les débutants en leur évitant certains écueils.
Cependant je ne me sens pas légitime pour vendre des formations dans ce domaine. Il y a déjà tant de bons livres écrits sur le sujet (Weinstein, Lynch, Buffett, etc.), j'aurais l'impression de plagier ces grands investisseurs...
Il me faut donc trouver une autre niche qui soit IKIGAI compatible, c'est-à-dire un domaine :
- que j'aime,
- où j'ai une compétence,
- où il y a un besoin,
- et surtout où les gens sont près à investir.
Au cours de mes 7 années de consulting, je pense avoir développé un certain attrait pour le développement personnel (gestion et encadrement d'équipe, gestion des conflits, motivation des collaborateurs, animation commerciale, etc.).
Aujourd'hui l'idée est encore floue, mais je me donne 12 mois pour l'affiner, la mettre en pratique et la tester.
Le petit ruisseau de l'infoprenariat doit devenir ma source de revenue principale. Cette activité qui me permettra d'écrire un article à 22h49 un jeudi soir, parce que j'en ai envie. Me défaire de ces chaînes invisibles qui me contraignent et m'oppressent, pour enfin retrouver la liberté et de la créativité.
Et vous ?
Quand j'ai débuté cet article, je ne pensais pas qu'il serait si long. Mais parfois, il faut savoir poser ce que l'on a sur le coeur avec des mots, réfléchir à la situation et aux solutions qui s'offrent à nous. N'hésitez pas à me dire dans les commentaires si vous avez des plans pour devenir libre financièrement. Et sur quel(s) pilier(s) reposent votre stratégie.