Coronavirus et krach boursier : que faire en bourse ?
Le monde se prépare a affronter une situation inédite, une pandémie. Le Président de la République Française a annoncé un confinement total du pays, mettant de facto l'économie en stand-by. L'objectif est de stopper -au plus vite- la propagation du Coronavirus.
Dimanche soir, les grandes Banques Centrales ont coordonné leurs actions pour soutenir l'économie. La FED a notamment annoncé qu'elle baissait son principal taux (-100 points de base) et qu'elle allait acheter pour 700 milliards de dollars d'obligations.
Et malgré cela, les bourses mondiales continuent de plonger. Au moment où j'écris cet article, le Nasdaq et le S&P 500 perdent près de 10%. Même son de cloche pour les bourses européennes, Airbus a notamment perdu jusqu'à 25% à l'ouverture.
Déverser de la liquidité sur le marché n'est pas le traitement adéquat, du moins pas à moyen/long terme. Le seul remède pour guérir monsieur le marché est de stopper la propagation du virus. Maintenant que les marchés se sont écroulés, que faire en bourse ?
La fin du bull market ?
Sur BlogBourse.net, j'analyse les marchés avec en trame de fonds les écrits de Stan Weinstein ainsi que d'autres indicateurs. Quand on étudie les précédents krach (de 1929 à 2008), on constate que ce sont les financiers eux-mêmes qui ont mis fin aux marchés haussiers. Distribuant les petites capitalisations boursières (sociétés réputées plus fragiles) aux petits porteurs.
Ce phénomène d'accumulation/distribution est lisible sur un indicateur nommé ligne des avancées/déclins. L'analyste Tom McClellan a d'ailleurs publié sur Twitter une étude très intéressante. Il a analysé la perte maximale du S&P 500, 3 mois après que l'A/D Line ait réalisé un sommet.
Le dernier sommet de l'A/D Line a été enregistré le 12 février 2020. Et pourtant le S&P 500 est en baisse de 29% à ce jour...
Cependant le Coronavirus est un choc exogène, totalement imprévisible même par les financiers. En janvier, personne n'imaginait que le virus venu de Chine pourrait mettre à terre l'économie mondiale. Le Sras, H1N1, Ebola, etc. n'ont pas fait sourciller les marchés, peut-être a t-on eu de la chance ?
Mais aujourd'hui, le Coronavirus met à mal l'économie mondialisée. Les gouvernements ferment leurs frontières, les salariés sont mis en télé-travail ou au chômage technique, la vie semble d'arrêter. On vivrait presque un évènement apocalyptique, l'ambiance à Paris est vraiment étrange ces derniers jours. Je n'aurais jamais imaginé vivre sous un couvre feu...
Coronavirus : le principal driver
Les États-Unis sont à peine touchés par le Coronavirus mais sa propagation devrait s'accélérer dans les prochains jours.
Donald Trump a déclaré que les États-Unis pourraient être en mesure de maîtriser l'épidémie de coronavirus d'ici juillet ou août au plus tôt. La banque d'affaires Goldman Sachs pense que la croissance américaine sera nulle au T1 2020 et une contraction de l'économie au T2 2020.
L'économie ne repartira pas tant que le virus se propage. Il convient donc de suivre avec le plus grand attentisme le nombre d'infections quotidiennes. Tant que la courbe ne fléchira pas, il n'y aura pas de rebond de l'économie.
Que faire en bourse ?
Nous sommes face à une situation inédite, hors du modèle. Impossible de dire si nous avons touché ou non le point bas. Dans ce contexte, il convient de changer de braquet en bourse. Inutile de céder à la panique mais chaque investisseur devrait passer en revu ses participations. Certains secteurs sont à éviter et notamment le tourisme et le transport aérien.
Par ailleurs, les sociétés très endettées risquent de souffrir dans les prochains mois. La baisse de leur activité pourrait rendre leurs dettes difficilement supportables. Les foncières de centres commerciaux vont probablement souffrir, les loyers sont généralement indexés sur le chiffre d'affaires de leurs clients.
Mais d'une manière globale, l'ensemble des secteurs boursiers sont touchés par cette chute de la bourse. Regardez plutôt la heatmap des performances Year-to-Date (depuis le 1er janvier 2020) de la bourse de New York, par secteur.
Personnellement, j'ai pris la décision d'alléger mes positions sur des ETF à levier et ainsi d'augmenter ma part de cash. Et même s'il y a beaucoup de titres au prix alléchant tel que Airbus, Air Liquide, Vinci, etc. je vais m'abstenir de prendre positions à l'achat.
Par ailleurs, j'attends un signal chartiste clair et sans équivoque pour repasser à l'achat. Dans le passé, une Golden Cross a toujours été un excellent indicateur de fin de krach. Ce signal chartiste devra être confirmé par une amélioration de la situation sanitaire.
En effet, nous naviguons a vu en ce moment. Et nous sommes dépendant d'un événement totalement incontrôlable. Pendant la crise des subprimes, il a "suffit" d'endiguer l'hémorragie en nationalisant les pertes puis en injectant massivement des liquidités dans le système financier.
Mais le Coronavirus n'en a rien à faire des spreads de crédit, des notations financières !
Les enseignements à tirer
Le modèle d'investissement que j'utilise a montré ses limites mais il n'est pas pour autant à jeter à la poubelle. Le signal d'achat a été lancé en juin 2009. L'investisseur qui l'aurait suivi et pris soldé ses positions aujourd'hui, il aurait réalisé une plus value de +200% en 10 ans en achetant le S&P 500.
Cependant cet évènement me pousse à modifier ma manière d'appréhender les marchés. Et notamment en devenant plus actif sur les marchés, sans attendre un signal de krach boursier.
Début février, j'avais noté une petite divergence de l'A/D Line dans ma revue des marchés du 07/02. Même si elle n'était pas longue et non confirmée par l'A/D Line All Shares, ce type d'évènement avait déjà provoqué des corrections, notamment lors du mini krach de 2018.
Cependant, je n'ai rien fait pour protéger mon capital, j'ai d'ailleurs profité de ce début de correction pour renforcer mes positions à l'achat. Sur le papier, c'était la chose à faire ! Statistiquement, j'avais d'excellentes probabilités de gagner mon pari. Les joueurs de poker diraient même que ce trade était EV positif (espérance de gain positive à long terme).
Mais en bourse, le taux de réussite de 100% n'existe pas.
Cependant quand l'A/D Line lance un début de divergence, une couverture optionnelle pourrait être une excellente protection. Dans ce contexte, la volatilité implicite est basse donc le prix des options est relativement faible. Acheter un put sur le Nasdaq ou acheter un call sur le Vix est une solution à envisager, à étudier.
Prenez soin de vous et de vos proches. Respectez les consignes de confinement, les distances sociales, etc. Plus vite ce virus sera mis hors d'état de nuire et plus vite, nos vies reviendront à la normale.