Analyse marchés US au 27/03/2020
Encore une semaine très volatile sur les marchés boursiers. Tous les indices ont fortement rebondi grâce à l'action des banques centrales. En effet, pour contrer les effets du Coronavirus, les institutions monétaires ont sorti l'arme atomique.
Le débrief de la semaine
Don't fight the FED
La première salve est venue de la Fed qui a annoncé un plan sans précédent. Une sorte de Quantitative Easing (QE) illimitée, qui va résulter d'une injection massive de cash dans l'économie via le rachat d'obligations.
Les effets de ce QE sont déjà palpables, le bilan de la Réserve Fédérale a explosé en quelques semaines. Passant de 4170 milliards à 5250 milliards, une hausse de +25%, c'est complètement dingue !! On parle quand même d'une augmentation de plus de 1000 milliards de dollars en moins de 4 semaines...
De plus, le gouvernement américain est parvenu à faire adopter un plan de sauvetage de 2000 milliards de dollars. Ce plan prévoit notamment un mécanisme appelé Helicopter money, qui consiste à créditer de l'argent directement sur le compte des agents économiques...
Dans les faits, chaque ménage américain gagnant moins de 150.000 dollars par an recevra un chèque de 1200$ par adulte et 500$ par enfant. Les citoyens américains ont très peu d'économie et vivent paycheck sur paycheck. Il est probable que la plupart de ces américains utilisent cet argent pour payer leur loyer plutôt que pour soutenir l'économie en consommant...
D'ailleurs cette semaine, le département américain du Travail (U.S. Employment and Training Administration) a enregistré plus de 3 millions d'inscriptions au chômage. Ce chiffre est totalement fou, l'emploi américain n'avait jamais connu un tel coup d'arrêt !
Les grandes puissances mondiales, membres du G20, ont annoncé qu'elles allaient injecter un total de 5000 milliards de dollars pour soutenir l'économie. Mais face à cette quantité de monnaie, les économistes croient de moins en moins à une reprise en V.
Les mesures de confinement adoptées en Europe et partiellement aux États-Unis vont coûter extrêmement chères. L'INSEE a estimé qu'un mois de confinement représente une perte de PIB de 3 points !
En France, le confinement a été prolongé de 15 jours. Mais le comité scientifique a préconisé la prolongation du confinement pour une durée totale de six semaines. Soit une baisse de 4,5% du PIB au mieux... Pour rappel, lors de la crise des subprimes en 2007-2008, le PIB des États-Unis avait enregistré une décroissance de "seulement" 2,8%.
Je comprends mieux pourquoi Donald Trump se bat contre les mesures de confinement. Mais, il pourrait mettre en quarantaine l'état de New York, le New Jersey et le Connecticut.
Lors des prochaines semaines, il conviendra de vérifier que l'injection de liquidité permet de soutenir l'économie et donc d'éviter des faillites. Les taux de fraude bancaire vont être scrutés de toute part.
Et le Coronavirus dans tout ça ?
Malheureusement le Coronavirus continue de faire de plus en plus de victimes. Vendredi 27, l'Italie a recensé quasiment 1000 décès imputables au virus. En une seule journée, l'Italie a comptabilisé 1/3 des victimes chinoises... Les statistiques chinoises posent de plus en plus de questions quant à leur véracité !
Le nombre de décès quotidiens attribuables au Covid-19 ne cesse de grimper. Plus de 3000 personnes meurent chaque jour de ce virus. Mais cette courbe pourrait grimper de manière exponentielle dans les prochains jours.
En effet, les États-Unis, passablement épargnés par l'épidémie, viennent de devenir le plus gros foyer du Coronavirus. Plus de 100.000 cas détectés à ce jour.
La Chine, de son côté, pensait en avoir fini avec le virus. Mais dorénavant, le pays craint les cas importés de coronavirus. La Chine a donc fermé temporairement ses frontières aux étrangers. Cependant, pas de date de réouverture, la Chine adaptera ses dispositions exceptionnelles à l'évolution de la pandémie.
Le retour à la normal est encore loin !
Profit warning et coupure de dividendes ?
Du côté de la micro-économie, les profits warnings commencent à arriver. Les fournisseurs d'Apple s'inquiètent de la baisse de la demande concernant les iPhones. De plus Apple envisage de reporter à 2021 le lancement du premier iPhone 5G.
En France, plusieurs groupes cotés ont d'ores-et-déjà annoncé qu'ils n'atteindraient pas leurs objectifs 2020 et par conséquent, ils ont réduit/coupé le versement de dividendes (Unibail, Airbus, Safran, etc.).
La BCE a d'ailleurs demandé aux banques de supprimer leur versement de dividendes et de stopper leurs rachats d'actions jusqu'à octobre 2020. Surfant sur l'appel de la CFDT, le gouvernement va proposer une loi pour empêcher les entreprises aidées par l'État de verser des dividendes.
Cette mesure est plutôt logique mais je suis sidéré qu'on soit obligé de légiférer... Quelle entreprise en difficulté irait distribuer des dividendes ? Bref, le gouvernement s'attaque à un homme de paille, l'actionnaire, pour se faire son petit numéro de communication...
Palme du lamentable, Murie Pénicaud qui annonce sur Cnews : on va leur demander de ne pas verser de dividendes, aux PARTICULIERS, aux INDIVIDUS... Donc l'État, un fonds de pension, une holding pourra toucher des dividendes mais pas l'actionnaire particulier ?
Les indicateurs techniques
Bref, cette semaine nous avons connu un spectaculaire rebond des marchés. La grande question que tout le monde se pose est rebond technique ou durable ? A t'on touché le point bas ?
En tout cas, le PDG de BlackRock, Larry Find conseille aux investisseurs de revenir sur les marchés actions. Bien évidement, notre ami Larry se rémunère sur l'argent qu'il gère. Il est donc pressé de nous voir revenir à l'achat...
Grâce au tsunami monétaire, les marchés US ont grimpé cette semaine. Le Dow Jones gagne 12%, 10% pour le S&P 500 et 8% pour le Nasdaq 100 ! Cependant, les trois indices évoluent en dessous de leur moyenne mobile descendante. Le S&P 500 a d'ailleurs formé un croix de la mort, cette semaine.
Du côté des indicateurs techniques, la ligne des avancées/déclins rebondit plus rapidement que le Dow Jones 30, les investisseurs ont acheté l'ensemble de la cote et pas seulement les blue-chips. Ce rebond de l'A/D Line montre que les investisseurs croient dans la résilience de l'économie américaine.
Par ailleurs, le Vix a refusé de faire un nouveau plus haut lundi, alors que le S&P 500 s'écroulait. De nombreux investisseurs se sont d'ailleurs demandés pourquoi leurs ETF Vix baissaient alors que le S&P 500 affichait une perte de 6%. Ce genre de divergence a souvent été le signe d'un point bas.
De plus, selon le Commitments of Traders, les hedge funds achètent massivement des futures sur le S&P 500. Plus le marché baisse et plus ils augmentent leurs positions acheteuses sur l'indice.
Mais d'un autre côté, les indicateurs de sentiment comme l'EPCR sont passés d'un extrême de pessimisme à un excès d'optimisme, très rapidement.
Les annonces de la FED ont fait l'effet d'une injection de morphine sur un patient. La douleur disparaît temporairement, mais ça ne soigne pas la cause principale...
Les indicateurs techniques nous disent que tout va bien. Qu'on a connu une très grosse correction, mais que ça va rebondir. Cependant, dans le même temps, on a une économie mondiale totalement à l'arrêt. Les pays ferment leurs frontières, les entreprises sont à l'arrêt et les salariés restent à la maison. De plus, les gouvernements ont annoncé des plans de sauvetage sans précédent, nettement supérieurs à ceux de 2008.
Les prochaines semaines vont être riches d'enseignements. Je vous rappelle que la saison des publications trimestrielles va débuter dans quelques semaines. Comment le virus va t-il se propager aux États-Unis ? Quel sera son impact sur l'économie (chômage, taux de défaut) ?
Soyez prudent sur les marchés et surtout, RESTEZ CHEZ VOUS !