Analyse marchés US au 16/04/2021
Depuis le début du mois d'avril, les indices boursiers enchainent record sur record. Le Nasdaq 100, que l'on pensait enterré par la hausse des taux, vient d'ailleurs de réaliser un nouveau plus haut historique. En effet, l'indice des techno a franchi la barre symbolique des 14.000 points. Bien sûr, on est nombreux à se demander s'il faut prendre ou non ses bénéfices.
Mais avant de tenter de répondre à cette question, j'aimerai revenir sur un événement qui a fait beaucoup de bruit à Wall Street. La faillite du familly office Archegos ! Cet événement a fait couler beaucoup d'encre mais... il vient confirmer que notre stratégie fonctionne et que rien n'a changé depuis 1637.
Archegos : la faillite la plus rapide de l'histoire ?
Je ne vais pas revenir en long et en travers sur cette affaire, de talentueux journalistes l'ont déjà fait avant moi. Mais pour ceux qui auraient raté l'information, faisons un point rapide sur cette faillite qui a fait les gros titres.
Archegos Capital Management est un familly office. Dit autrement, c'est un fonds d'investissement dont l'objectif est de gérer la fortune personnelle du sud coréen Bill Hwang. Vous ne le connaissez probablement pas, mais la justice le connait très bien.
En effet, l'homme d'affaires a un passé sulfureux : coupable de délit d'initié en 2012, soupçonné de malversation en Chine, c'est aussi un grand adepte de l'effet de levier !
Au début de l'année 2021, son familly office gère près de 4 milliards de dollars alors que ses actifs pèsent plus de 20 milliards de dollars. Et oui, notre homme d'affaires utilise un effet de levier x5 pour spéculer sur les marchés.
Cette prouesse est rendue possible grâce à la complaisance des banques cupides (pléonasme ?). Aveuglées par l'insolente réussite du financier, les banques souhaitent prendre une part du gâteau en prêtant toujours plus à Archegos. Et oui, il faut bien encaisser les intérêts jusqu'au dernier p'tit sou comme le martelais déjà Michel Piccoli en 1978 (Le Sucre de Jacques Rouffio).
Et comme toujours, cette forteresse bâtit sur des fondations bancales (levier) va finir par s'écrouler. Cette catastrophe se nomme Margin Call ! Je le dis en anglais, ça fait plus théatrale (en français, on dit un appel de marge).
Lorsque vous prenez du levier, votre créancier va s'assurer que vous serez capable de rembourser vos dettes. Il va donc vous demander un collatéral (garantie en cash) puis, votre position et votre collatéral seront réévalués quotidiennement. Si votre pari part dans le mauvais sens, la valeur de votre collatéral va diminuer et donc votre créancier vous demandera de remettre au pot, vous allez recevoir un appel de marge. Une sorte de tir de sommation : si tu ne couvres pas ton risque, je vends ta position !
Et dans notre affaire, Archegos n'a pas répondu aux appels de marge fin mars 2021. Les banques ont donc été contraintes de liquider leurs positions pour ne pas se retrouver avec des positions directionnelles sur les marchés. Le 25 mars, quand il a été décidé de liquider le familly office, la position a été estimée à 50 milliards de dollars !
Vous connaissez la suite... mais au lieu se gausser sur cette affaire dans une soirée mondaine clandestine au Palais Vivienne, intéressons nous de plus près à cette liquidation. Et surtout, pourquoi elle confirme que nous suivons la bonne stratégie/approche.
La chronologie de la liquidation
Lorsqu'il est décidé de liquider Archegos, les banques créancières concluent une sorte de gentlemen agreement pour éviter un mouvement de panique sur les marchés. Mais le soir même, Morgan Stanley décide de vendre ses titres refourguer ses paquets de merde à d'autres hedge funds. Puis le lendemain, Morgan Stanley, Golman Sachs et Deutch Bank bazardent tout ce qu'ils peuvent sur les marchés.
Cette chronologie précise et diffusée dans les journaux ne colle pourtant pas avec ce que nous disent les graphiques. Regardez plutôt ce graphique de Viacom, la baisse a démarré le 23 mars, avant de s'amplifier les jours qui suivent.
Idem pour le cours de Discovery.
Qu'il y ait un doute sur le début de la liquidation d'Archegos, ce n'est pas le sujet. Le sujet est de comprendre qu'il y a 3 manières de gagner en bourse. Et ces trois méthodes sont immuables depuis la crise de la tulipe au XVIIe siècle.
Qui valide notre approche des marchés
Et ces trois manières de gagner en bourse ont été brillamment illustré dans le film Margin Call (J.C. Chandor en 2011). D'ailleurs, je laisse Jeremy Irons vous faire un rapide synthèse.
Cette réunion a probablement été tenue par Morgan Stanley, Goldman Sachs et Deutch Bank avant qu'ils ne liquident en loucedé leurs positions sur Archegos.
Bref, pour gagner en bourse, il faut soit être le premier, le plus intelligent ou tricher. Et dans le cas d'Archegos comme lors d'un krach boursier, les banques/institutionnels liquident leurs positions avant les autres (nous). Ce phénomène a été théorisé par Charles Dow (début du XXe siècle) sous le nom de phase de distribution.
Quand ces grands investisseurs sentent le vent tourner (ou qu'ils n'entendent plus jouer la musique), ils ne vont pas hésiter une seconde à céder leurs actifs et cela, peut importe l'acheteur en face (même leur propre mère).
Suivre les mouvements de grands investisseurs est donc une stratégie qui a fonctionné dans le passé et qui continue de fonctionner aujourd'hui. C'est d'ailleurs sur ce suivi des gros que je focalise mon analyse hebdomadaire depuis la création du blog ! Allez, place à notre analyse hebdo.
Analyse technique
Comme je l'ai mentionné plus haut, les indices sont proches de la stratosphère. Mais ont-ils assez de carburant pour rejoindre les étoiles ? (je me sens inspiré cette semaine...).
Le Dow Jones s'approche des 36.000 points (bon, il a quand même 20 ans de retard), le S&P 500 file vers les 4200 points et notre Nasdaq 100 a passé la barre symbolique des 14.000 points. D'ailleurs notre ETF favoris, le LQQ s'est approché du seuil satanique des 666€ !
La première bonne nouvelle vient de la participation. La ligne des avancées/déclins suit la progression du Dow Jones 30, les gros investisseurs sont toujours à l'achat sur l'ensemble de la cote. Pas de phénomène de distribution et donc pas d'alerte de krach à moyen terme.
Cependant les nouveaux plus hauts/bas à 52 semaines ont tendance à marquer un peu le pas ces dernières semaines. Rien de grave à ce stade, mais si ça devait continuer, on pourrait craindre à un affaiblissement du momentum haussier sur les indices (à court terme).
Par ailleurs, on peut constater que les marchés se mettent en mode risk-off. Les petits porteurs membres de l'AAII (American Association of Individual Investors) sont haussiers à 54% et seulement 25% sont baissiers.
De plus, la volatilité arrive à son plus bas niveau depuis le début de la crise du covid. L'indice Vix clôture la semaine à 16,25%, il est donc en dessous de son niveau médian à long terme (i.e. 17,33%). Et notre Trader Fear Index est également en chute libre ces derniers jours.
Donc pour résumer la situation, les indices sont sur des niveaux records, le marché est acheté par l'ensemble des investisseurs/spéculateurs (pas de distribution), mais les acheteurs semblent avoir pris un cachet de MDMA et voient la vie en rose.
Pour faire simple, à moyen et long terme, la tendance reste haussière. À court terme, c'est un peu plus délicat. Dans les prochaines semaines, les entreprises vont publier leurs résultats du premier trimestre (les modèles de valorisation vont être remis à jour) et surtout, on rentre dans une saisonnalité dite moins favorable aux actions.
Vous savez le fameux marronnier Sell in may and Go away... En tout cas, je suis près à attraper toutes les opportunités d'achat qui s'offriront à moi dans les prochains jours / semaines.
Ma semaine sur les marchés
Cette semaine, et comme les semaines précédentes, je suis resté passif sur les marchés. Je suis déjà bien investi sur mon PEA. Je conserve quelques liquidités pour mon DCA habituel et saisir des opportunités d'achat long terme.
Par contre sur le compte option, j'approche les limites de la méthode. Avec cette hausse des indices, je me retrouve à courir après le papier pour roller mes ventes de puts. En effet, la volatilité implicite s'est écroulée et surtout, les strikes ne cessent de monter.
Ainsi, je dois augmenter très fortement mon exposition (et donc mon risque) pour espérer maintenir mon taux de rendement. Au mois de mars, je me réjouissais des primes vendues avec de rendement annualisé de 50 à 60%, aujourd'hui, je galère à trouver du 35/40% annualisé !
Au grès des échéances non renouvelées, mon compte passe en sous levier (pas de risque d'appel de marge).
J'espère que ce débrief vous aura plu (en tout cas, je me suis bien amusé en le rédigeant). N'hésitez pas à vous inscrire à la newsletter (c'est gratuit et sans SPAM) pour être averti lorsque les gros distribueront leurs actions...
Bonne semaine
PS : si vous cherchez des films, je vous recommande chaudement les deux films cités dans l'article : Margin Call et Le Sucre.