Analyse marchés US au 09/07/2021
Semaine étrange sur les marchés. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, les indices continuent de grimper jour après jour. Mais sans prévenir, la tempête s'abat sur les marchés puis le calme finit par revenir. Voilà comment, je pourrais résumer la semaine que l'on a vécu.
Le bilan de la semaine est certes légèrement positif mais faut-il se réjouir de la résilience des marchés ? Ou était-ce un signal d'alerte avant une correction plus importante ? Alors faisons le point sur la situation avant de partir pour des vacances bien méritées.
Que dit la musique ?
Mais avant de jeter un coup d'oeil à nos indicateurs favoris, attardons-nous sur cette scène du film (que j'adore) Margin Call.
Petit résumé de la situation : un jeune analyste (Peter Sullivan) identifie que les modèles d'évaluation du risque (VAR, value at risk) utilisés par sa banque sont obsolètes. Et qu'en actualisant ces modèles de risque, les pertes encourues pourraient mettre en faillite la banque. Le rapport écrit par Peter Sullivan va remonter jusqu'au patron de la banque, qui convoque tous les cadres dirigeants pour une réunion de crise.
Et voilà, comment va se passer la réunion.
À la fin de la réunion, le patron de la banque va se lancer dans une tirade pour expliquer son rôle en tant que PDG. Et ce rôle est plutôt simple, mais ô combien primordial.
Je suis là pour une seule et unique raison. Je suis là pour deviner ce que sera la musique dans 1 semaine, 1 mois, 1 an à compter d'aujourd'hui. C'est tout. Rien de plus.
John Tuld (Jeremy Irons)
Alors pour reprendre l'analogie du film, écoutons la musique.
La musique va t-elle s'arrêter ?
Premièrement, nous allons regarder dans le rétroviseur. Depuis le début de l'année, nos indices boursiers sont sous stéroïdes (ou dans la fusée d'Elon Musk). Sur l'année 2021, le S&P 500 gagne 18%, le Nasdaq 100 est en hausse de quasiment 17% et le Dow Jones 30 ferme la porte avec une performance de 15% !
Et si on se focalise sur le Nasdaq 100, l'indice phare des technologies a gagné plus de 14% depuis le dernier dip de la mi-mai. D'ailleurs, on peut constater que le RSI (à 14 périodes) est entré en territoire de sur-achat. Bref, ça grimpe fort et vite.
Maintenant, attardons nous un peu sur nos indicateurs de participation. La variation des indices est drivée par les plus gros titres qui le composent, il est donc essentiel de regarder comment évolue les plus petites capitalisations boursières. Tout d'abord, on peut constater un début de divergence de la ligne des avancées/déclins. En effet, notre A/D Line a atteint son sommet début juillet alors que le Dow Jones 30 est au plus haut.
Cette divergence ne dure que depuis quelques jours, il est donc extrêmement peu probable qu'un marché baissier durable se mette en place dans les prochaines semaines. Cependant, il convient de surveiller l'évolution de la ligne des avancées/déclins dans les prochaines semaines.
De plus, on peut constater qu'il y a de moins en moins de titres qui cotent au-dessus de leur moyenne mobile à 30 semaines (150 jours) sur le NYSE. Le momentum haussier sur la majorité des titres s'épuise et pourtant, le S&P 500 continue de grimper.
Troisième indicateur, l'analyse des nouveaux plus hauts et nouveaux plus bas à 52 semaines. Depuis le mois de mars, on peut constater qu'il y a de moins en moins de titres qui font de nouveaux plus hauts.
En bonus, chaque semaine, je calcule et classe les actions françaises par phase (selon le livre de Stan Weinstein). Et comme on peut le voir ci-dessous, il y a de moins en moins d'actions en phase 2 (haussière). Les actions commencent à plafonner (phase 3), voire même à passer en tendance baissière (phase 4).
Malheureusement, je n'ai pas la capacité (ni le temps) de faire le même travail sur les indices US (plus de 5000 titres à monitorer).
Bref, on peut constater que la musique est en train de ralentir. Aujourd'hui, il y a de moins en moins de titres qui participent à la hausse des indices. On peut donc en conclure que les gros distribuent certains titres (small/mid caps, entreprises fragiles, etc.) pour se replacer sur les big caps.
À ce stade, il n'y a pas d'alerte franche ou de signal de vente, mais il va falloir suivre l'évolution de nos indicateurs dans les prochaines semaines.
La peur est de retour ?
Autre chose qui m'a marqué cette semaine, le comportement du Vix que l'on appelle également indice de la peur. En période normale, le S&P 500 et le Vix évoluent en sens inverse. Si l'un montre, l'autre baisse et inversement, et cela se vérifie 80% du temps.
Mais cette semaine, le S&P 500 et le Vix ont grimpé tous les deux. D'ailleurs, on peut voir que la corrélation est passée de -1 à 0 ces derniers jours. Donc pendant que certains achètent les indices, d'autres achètent des options pour se protéger contre une baisse des indices (ce qui fait grimper la volatilité implicite des options, et donc du Vix).
Pas de sentiment d'euphorie ?!
Cependant, en regardant mes indicateurs ou même en consultant Twitter, je ne vois pas de sentiment d'euphorie généralisée. Par exemple, le meta indicateur Fear and Greed Index de CNN est en territoire de peur.
Mais, il ne faut pas oublier la valorisation des entreprises américaines. Le PER Shiller du S&P 500 atteint des sommets depuis quelques semaines. On entasse de plus en plus de barils de poudre, reste plus qu'à trouver quelle sera l'étincelle qui embrasera tout ça.
L'étincelle pourrait venir de plusieurs cotés :
- la prolifération du variant delta qui mettrait à mal l'économie
- de mauvaises publications semestrielles (qui vont bientôt débuter)
- une décision politique pour limiter les pratiques anti-concurrentielles
Sur ce dernier point, Joe Biden a signé un décret qui vise plusieurs secteurs économiques, et notamment la santé et la technologie.
Bref, les semaines qui arrivent vont être passionnantes. Il ne faudra pas trop lézarder sur la plage, au risque de passer à côté de belles opportunités d'achats (en cas de correction des indices).
Ma semaine sur les marchés
Entre la hausse des indices et notamment sur Nasdaq 100 et l'accumulation de nuages gris au-dessus de ma tête, j'ai pris la décision de vendre quelques LQQ. Par transparence, j'avais annoncé cette vente dans les commentaires. Et j'ai donc vendu quelques ETF au prix de 746€ et 753€.
L'année 2021 a déjà été très bonne en terme de performance, je me suis donc permis de déroger à ma stratégie. L'objectif étant de réduire le levier du portefeuille, tout en dégageant du cash que je pourrais réinvestir en cas de correction.
Sur options, je n'ai pas réalisé de nouvelle vente de put. Cependant, j'ai vendu un call sur le mème stock AMC Entertainment. Le trade est risqué (naked call), mais je trouve que la valorisation de cette boite est délirante (voir même débile). Sur twitter, les actionnaires de cette boite s'attendent à un cours de 100, 1.000 ou même 10.000$ (par action). Pourquoi pas... #ToDaMoon
Je vous souhaite une excellente semaine et de bonnes vacances à ceux qui sont déjà partis (et qui nous lisent sur le plage).