Analyse marchés US au 07/05/2021
Je ne sais pas vous, mais j'ai trouvé cette semaine particulièrement étrange sur les marchés. Des déclarations étonnantes de la part de la secrétaire au Trésor, des mauvaises nouvelles économiques qui deviennent de bonnes nouvelles boursières. Bref, il est l'heure d'essayer d'y voir un peu plus clair dans la pénombre de Wall Street.
Comme d'habitude, je vais revenir sur l'événement de la semaine, puis enchaîner avec la traditionnelle analyse hebdomadaire.
Taux taux (toto) va à la banque
Comme je le disais en introduction, Janet Yellen a mis le feu aux poudres en début de semaine. En effet, la secrétaire du Trésor a évoqué une probable hausse des taux d'intérêt pour éviter la surchauffe de l'économie US. Et comme vous avez pu le constater, le Nasdaq (indice des valeurs technologiques) a rapidement chuté suite à cette annonce, perdant jusqu'à -2,5% en quelques heures.
Mais avant la clôture des marchés US, Yellen est revenue sur ses propos estimant que l'inflation ne représentait pas une menace pour l'économie américaine. Et que ses propos n'étaient ni une recommandation, ni une préconisation.
Cette sortie hasardeuse est vraiment étonnante. Tout d'abord, il faut se rappeler que Janet Yellen est une ex-présidente de la Réserve Fédérale (sous Obama et Trump). Elle connait donc particulièrement bien l'indépendance de cette institution face aux consignes de l'exécutif.
Par ailleurs, pourquoi ce rétropédalage quelques heures plus tard ? Janet Yellen n'est pas une débutante, elle sait donc que ses paroles sont analysées/décortiquées par Wall Street et par conséquent, elle pèse chacune de ses mots avant de les prononcer. Était-ce une sorte de stress-test pour mesurer les réactions de Wall Street ? Était-ce que le gouvernement et la FED préparent nos cerveaux à cette hausse de taux inévitables ?
Impossible de répondre à cette question. Mais on peut quand même tenter de répondre à la question : est-ce que l'économie US est en surchauffe ?
Et il est accro aux injections de liquidité
Cette semaine, la statistique économique la plus importante était la publication du rapport NFP, les chiffres de l'emploi non agricole. Et alors que le marché attendait 978.000 créations d'emplois, l'économie américaine n'a créé que 266.000 emplois. Réaction immédiate des taux et du dollar qui se sont effondrés et donc, le Nasdaq a grimpé (logique implacable).
Cette mauvaise statistique économique nous rappelle que pour le moment, l'économie américaine n'est pas en surchauffe et donc, que la FED doit continuer à pousser la relancer via sa politique monétaire accommodante.
Par ailleurs, il est important de rappeler que l'injection de monnaie ne crée pas systématiquement de l'inflation. Il faut ensuite que cet excès de monnaie circule dans l'économie, comme nous le rappelle la théorie quantitative de la monnaie.
MxV = PxY = PIB
Équation de la théorie quantitative de la monnaie
- M = quantité de monnaie en circulation
- V = Vitesse/vélocité de la circulation
- P = Niveau des prix
- Y = Volume de production
- PIB = produit intérieur brut
Traduction, si la quantité de monnaie augmente plus vite que la production, il y aura de l'inflation. Alors, je suis d'accord la quantité de monnaie a explosé ces dernières semaines, mais dans le même temps, la vélocité de cette monnaie s'est effondrée !
Bref, prédire les cours de bourse à partir des données économiques est extrêmement difficile à réaliser. Et sur ce blog, je ne cherche pas à anticiper ces mouvements, juste à les comprendre à posteriori (pour paraître intelligents lors des dîners mondains). Pour anticiper les cours de bourse, il est préférable de se concentrer dans notre poids des évidences !
Analyse des marchés
Cette semaine, tous les indices terminent dans le vert. Enfin tous sauf, un village d'irréductible geeks appelé Nasdaq. Et oui, une hausse des taux est particulièrement défavorable aux entreprises technologiques (actualisation des flux futurs), ces craintes ont donc lourdement pesé sur notre indice préféré.
Et ça n'étonnera personne, mais la force relative des entreprises technologiques passe en territoire négatif. Alors que le secteur de l'énergie et de la finance sont en hausse. La rotation sectorielle se poursuit, les opérateurs de marché anticipent bien une hausse des taux dans les prochains mois. Mais faut-il larguer toutes ces actions maintenant ?
La première bonne nouvelle vient de notre ligne des avancées/déclins qui accompagne la hausse du Dow Jones. Ce qui signifie que les investisseurs achètent aussi bien les grandes que les moyennes et petites capitalisations. C'est une excellente nouvelle, qui écarte le risque de krach boursier à moyen terme.
Cependant à court terme, je suis un peu plus mesuré. En effet, le momentum haussier semble s'essouffler jour après jour. Par exemple, le nombre d'actions cotant au-dessus de leur moyenne mobile à 150 jours s'égraine jour après jour.
Même chose du côté des nouveaux plus haut/bas à 52 semaines. Alors que le Dow Jones enchaîne les hausses, on peut constater un début d'affaiblissement de la tendance haussière.
Alors, il n'y a pas lieu de se mettre à paniquer dès maintenant. Comme on a pu le voir, notre A/D Line confirme que les fondations sont solides à moyen et long terme. Mais à court terme, une respiration des indices ne serait pas anormale.
D'autant plus que la volatilité a fortement reculé sur les indices. Sur le S&P 500, la volatilité historique et implicite sont au plus bas depuis le coronakrach. Il devient donc de moins en moins cher d'acheter de la volatilité (et donc de parier sur une baisse des indices).
Je reste toujours acheteur sur les indices (sans hedge) et les actions. Cependant, il est clair que le Risk/Reward d'un achat à court terme n'est pas idéal. Entre des indices au plus haut, des craintes d'inflation, la saisonnalité (biais de confirmation) et l'extrême optimisme, la moindre étincelle pourrait faire corriger les indices de 5 à 10% !
La rotation sectorielle sur les techno pourrait même amplifier la baisse du Nasdaq (jusqu'à -12% depuis les sommets à 14.000 points). Bien évidemment, en tant qu'investisseur long terme, il s'agirait d'un excellent point d'entrée.
Ma semaine sur les marchés
Cette semaine, je n'ai pas acheté la baisse du Nasdaq. J'avais parlé du niveau des 620€ sur le LQQ mais face à mon faible niveau de liquidité, j'ai choisi d'être un peu plus précautionneux en reculant mon premier ordre d'achat à 600€. Va t-on y revenir ? Je ne sais, mais je serai là pour acheter.
Sur le compte option, j'ai joué un peu avec le feu en anticipant le roll de mon échéance hebdomadaire dès lundi... Le TQQQ (Nasdaq 100, levier x3) évoluant à 108$ et ma vente étant très en dehors de la monnaie (90$), je me suis un peu précipité pour vendre un nouveau put (augmentant ainsi mon levier à 1,3).
Puis le Nasdaq a décroché (cf. supra), ce qui a mécaniquement mis en risque (d'assignation) ma vente de put à 90$. Bien évidemment, j'avais le cash pour gérer cette assignation. La stratégie de défense (covered call) était déjà prête. Mais finalement, les déclarations de Yellen et le mauvais rapport NFP m'ont sauvé.
Je prévois d'écrire un article (prochainement) un peu plus détaillé sur les ventes de puts (stratégie, risques, gains, etc.). Mais en attendant, j'encaisse de manière totalement passive des primes mois après mois. D'ailleurs, on peut le voir que le mois d'avril a été un mois record (merci à la volatilité du mois de mars), l'échéance de mai est bouclé (il n'y a plus qu'à attendre les échéances) et que je travaille en ce moment sur l'échéance de juin prochain.
Bonne semaine sur les marchés.